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  • Sciences Humaines et Esthétique, Société et Art. Et humour pour lier tout ça parce que décidément le trop de sérieux nuit gravement à la santé mentale tout en faisant le bonheur fiscal des pros du lifting!
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17 juillet 2012

L'homme de l'avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue.

     ** Nietzsche pour l'intitulé.

              Voir clair dans les événements passés et dans ceux qui, à l'avenir, du fait qu'ils mettront en jeu eux aussi des hommes, présenteront des similitudes ou des analogies.
              La guerre du Péloponnèse; Thucydide

Ce billet est dédié à Aurora et lui répond en partie au sujet de la commémoration du Vel d’Hiv et de l’empressement de l’Education Nationale à ne pas faire en sorte que cette partie du programme soit réellement abordée depuis des décennies.

Info médias : La rafle du Vel d’Hiv, les archives de la police; exposition avec documents authentiques, du 16 juillet au 15 septembre à la Mairie du 3e arrondissement de Paris

          "Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années." Corneille

Cependant que j’entreprends l’écriture de ce billet sans avoir manqué de m’envoyer en projection après avoir tenté un "ouvrage" moyen d’horreur coupé dès les deux premières minutes, The Spirit, ce qui me sert d’ambiance, je me félicite au cours et détour d’un parcours compliqué et atypique, d’avoir réussi, sans le vouloir ou au contraire en le provoquant, à être marqué de tout temps par des rencontres tantôt exceptionnelles, tantôt uniques, tantôt exactement celles qu’il fallait.
Cela car cette nuit, à nouveau frappée d’insomnie, je trouvais dans ma boîte, un mail de ma jeune amie, qui soulevait entre autres points qui nous sont et resteront d’ordre privé, celui de l’actualité pour cause de date anniversaire, de l’épisode pur franco-français du Vel d’Hiv.
Je fus saisie à sa lecture par l’envie de lui répondre ici sur ce seul sujet et donc lui adresse d’abord avec toute mon amitié ce billet inspiré par sa réflexion et ses interrogations, mais aussi l’envie de partage qui scelle la qualité de nos échanges. Ce qui n’évacue absolument pas les autres lecteurs, bien entendu, au contraire car le désir de partage s’étend ici à la sphère publique, sans quoi je n’aurais répondu que sur le mode privé…. Mais, pourquoi devrais-je le préciser, me demandais-je dubitative, tout autant que Werther hésitant à se réveiller au souffle du printemps (enfin si c’est Jonas Kaufmann, il faut impérativement qu’il s’éveille pour continuer à chanter, intransigeante sur ce point je suis, et les Dieux savent à quel point je n’apprécie pourtant guère cette œuvre !)

En effet, hier 16 juillet 2012, donc 70 ans après, jour pour jour, quelques-uns l’évoquaient cette rafle légendaire de monstruosité, dont moi, en réaction sur FB que je ne fréquente vraiment plus mais que j’avais dû aller visiter après réception d’une alerte m’indiquant qu’un personnage plus que non grata et indésirable m’avait "citée dans une publication". Après avoir vérifié qu’il ne s’agissait de rien qui ne méritât que je m’y arrête, j’entrevis alors "l’actualité" et félicitait au passage un de mes contacts de célébrer ce que je désignerai simplement un sobre devoir de mémoire.
Lors de mon commentaire, je repris ce que j’avais entendu aux infos, à, savoir qu’une enquête avait démontré que 57 à 67% des jeunes, donc à priori des étudiants, ignoraient totalement ce qu’était le Vel d’Hiv pour évènement historique.
De fait je concluais mon intervention à l’adresse d’un contact enseignant d’histoire "mais que font les enseignants?", sachant que j’usais là d’un crime de lèse-Platon, la formule rhétorique, puisqu’il va de soi, que la réponse à cette question-là, il y a fort longtemps que je la connais.
Tenue par les inepties d’autres "contacts" dont une jeune péronnelle qui, du fait d’une provocation mienne je le concède, entrepris de m’entreprendre avec des clichés fantasmatiques indignes de tout désir humain et éloigné de toute profondeur, singeant sans doute sa propre méprise du saphisme qui lui tient lieu de je ne sais quoi. Je me devais donc de la tenir en respect, puisqu’il est évidemment bien exclu que j’accepte des propos déplacés, surtout en ce type de lieu, les aguiches sexuelles en étant, et puisque j'étais là, constatais donc que la bienpensance, en effet, chargeait les déclarations à l’emporte-pièces des uns et des autres sur le sujet avec en point phare le tout aussi récurrent que démodé "plus jamais ça", revenant en boucle.

          "Il faut bien connaître les préjugés de son siècle, afin de ne les choquer pas trop, ni trop les suivre." Montesquieu

Montesquieu pour poursuivre mon exposé car je viens de dénigrer, en apparence, le traditionnel "plus jamais ça".
Or, ici, je ne prétends pas tant que ceux qui le posent et le profèrent mais « et rien d’autre » ne sont pas légitimes à le faire, plutôt que ce n’est pas là le cœur de la question, et plus loin, par conséquent et CQFD, que poser cela sous cette forme c’est exactement escamoter le problème et lui assurer pérennité.
Du reste, sur FB encore, je ne me suis pas embarrassée de déclarer que la France n’était pas au vu du traitement de cette période de l’histoire, prête d’atteindre le "plus jamais ça" mais davantage un "plus jamais comme ça" (il y tant de moyens de distiller la haine).
Ce qui, bien entendu, est poser, selon ma conviction et mon analyse de la société actuelle que la chose s’est déplacée, mais non seulement n’a jamais été travaillée, volontairement refoulée par les institutions dont le devoir est tout au contraire de l’exposer et exploser par le détail, mais bien plus loin, les formes de haine et rejet de cette époque, qui ont permis la cristallisation de cela, sont toujours là et n’ont fait muer en changeant plus ou moins de forme et parfois s’étendant à d’autres objets de haine, même si je ne dénie pas la prise de conscience due à l'onde de chocs du ressenti des faits à l'époque. Il n’y a qu’à suivre l’actualité ou en région parisienne et à Paris se promener dans les rues, pour voir que c'est toujours là.
Le Vel d’Hiv est par définition le refoulé volontaire, le Tabou absolu des français : ils ne veulent pas en parler ni qu’on leur en parle.
Il aura fallu 1995 et Jacques Chirac, un véritable gaulliste indépendamment d’autres considérations politiques qui n’intéressent absolument pas mon propos, pour déclarer enfin :
      "Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 4 500 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. (…) La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux."

Citation actualités, déclaration que j’applaudis mais que j’espère surtout sincèrement suivie d’actes -c’est moi qui souligne- :
     "La Garde des Sceaux, Christiane Taubira, a rendu hommage lundi à Jacques Chirac pour avoir reconnu la responsabilité de l'Etat français dans la rafle du Vel'd'Hiv'. "Jacques Chirac fut le premier président de la République à reconnaître, il y a 17 ans, la responsabilité de l'Etat français dans la rafle du Vel'd'Hiv', qui conduisit en 1942 à la déportation de plus de 13. "C'était un acte de grande hauteur et de grande responsabilité, le président Chirac a eu raison de le faire, de le dire, et de le dire avec les mots qu'il a choisis», a répondu Christiane Taubirasur Europe 1, alors que débutait lundi la commémoration des 70 ans de la rafle du Vel'd'Hiv'. "Au niveau de la justice, nous avons une responsabilité supplémentaire» dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, a estimé la ministre, soulignant avoir adressé en juin aux parquets généraux une circulaire sur cette question. Il a été demandé aux procureurs "d'apporter une attention particulière aux actes racistes et antisémites", que "le mobile soit caractérisé chaque fois qu'il existe et que l'incrimination la plus haute soit retenue dans ces cas-là", a-t-elle précisé.
Christiane Taubira a en outre souligné "tout le travail à faire» avec les institutions et associations (...) mobilisées contre le racisme et l'antisémitisme», qu'elle a souhaité voir associées au cursus de formation des juges à l'Ecole nationale de la magistrature"

Je pense fondamentalement, et c’est bien en mon nom que je m’exprime, que la France a un sérieux problème cristallisé notamment par l’épiphénomène de la non-reconnaissance du Vel d’Hiv pour faute, crime grave et souillure nationale.
Une non-reconnaissance à ce jour orchestrée, du temps déjà où j’étais moi-même en études, par les institutions qui, ne l’oublions pas, ne sont jamais autre chose qu’une des voix de l’Etat.
Hier sur FB, suite à ma mise en exergue de cette fuite coupable en avant, on me répondait qu’il fallait bien que l’histoire "décante" .
Certes. Par volonté de ne pas perdre de temps là-bas, mais sachant que j’y reviendrais ailleurs d’une manière ou d’une autre, j’ai admis que l’histoire avait nécessité de ces temps.
Mais en l’occurrence il y a outre-abus ! Je n’admets pas intellectuellement que l’on me ressorte le même ersatz de justification : oui, mais c’est à la fin du programme de Terminale et avec le bac, pas le temps, blablabla..
On a toujours le temps de faire la chose que l’on se sait devoir faire, à laquelle on croit, de laquelle on dégage du sens. Je le sais aussi car j’ai eu la chance d’avoir quelques professeurs d’histoire concernés, brillants d’engagement et notamment, à l’occasion du procès de Klaus Barbie, l’un d’entre eux, nous avait fait couvrir l’évènement et le suivit surtout, allant jusqu’à nous programmer un voyage à Londres pour étudier la résistance. Ce n’était pas l’année du bac et ce n’était pas "au programme", c’était du plus en plus, mais on a eu le temps de prendre le temps de le faire et bien qui plus est.
Du reste, ce fut l’occasion, très jeune, de ma première rencontre avec un survivant d’Auschwitz. Ayant survécu parce qu’il était tailleur : ils avaient besoin de lui. Sa femme, ses enfants, tous autour de lui étaient morts. Et lorsque je lui ai demandé lors de notre échange puisque je traitais pour notre exposition de la déportation, chaque élève ayant un thème précis, s’il croyait en Dieu, il sourit d’une telle façon en me répondant par la négative, que je ne pense pas parvenir, jamais, à oublier cette impression de profondeur à jamais inapprochable de l’extérieur.
Je ne vois donc pas en quoi l’on ne peut pas, tous les ans, systématiquement, avec à peine un encart dans un manuel scolaire, aborder le sujet de l’infamie de l’occupation lors d’un cours de deux heures d’histoire, ou bien diffuser un documentaire sur le sujet. Dieu merci, il y en a d’excellents, car d’autres français que moi, se sentent obligés de dépasser par le travail sérieux et la réflexion à l’appui du regard historique ce genre de souillure qu’est la Collaboration pendant l’Occupation, souillure au sens biblique du terme.

  1. Parlant documentaire "occupation", je pense au très bien fait "L’occupation intime" ici en intégralité. 
  2. Il y a aussi quelques documentaires sur le Vel d’Hiv disponibles. 

Que l’on regarde le Vietnam avant de critiquer toujours "les autres", les "différents", les "pas nous" du haut de notre "frenchie way of". Que l’on regarde l’Allemagne elle-même et que l’on ouvre enfin un peu les yeux sur cette lâcheté institutionnelle si culturellement française qui caractérise si bien notre beau pays des valeurs fondamentales sur le papier et des violences et autres excès dans les faits. Brutalités tolérées en toute bonne foi, parce que ce n’est jamais moi mais l’autre, le juif ou le nazi, celle de la conscience de bonne famille et bonne culture française, celle du ô combien juste "à Paris l’habit fait le moine" du Balzac lucide des Illusions Perdues (depuis longtemps hélas !) quant à ces soi-disant droits fondamentaux bafoués en permanence au nom d’on ne sait quelle prétendue aussi légendaire qu’irréelle supériorité humanitaire et culturelle supposée française parce qu’un jour dans ce pays il y eut Descartes, puis Rousseau et un autre encore Voltaire. ..
Depuis, nous, la France, en sommes plus ou moins restés là, assis sur les reliques de ces légendes qui pour être ce qu’elles sont de fondamentaux, ont de moins en moins de légitimité à se faire prévaloir dans une société de nos jours, refusant d'évoquer notre propre horreur interne.
La France ou le refus de l’évolution ! Le refus de la rédemption aussi, et la foi de la médiocrité à terme sans une prise de conscience et en mains radicales de ces questions, car depuis Voltaire, et un peu en même temps De Gaulle, il y eut aussi Laval et Pétain.

          "Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge." Tchekhov

Répondre à la question qui s’impose de bon sens de ma jeune correspondante qui me précise interrogative n’avoir jamais pu comprendre, dans le contexte alors cité par elle de la Shoah, la haine nourrie à travers les siècles pour le peuple juif. "Pourquoi ???", nécessite beaucoup de temps et de précaution.
Tout d’abord, parce que l’antisémitisme occidental est une interaction sociopolitique, pétrie de faits et de contextes qui demandent une intransigeance et une radicalité éthique pour l’aborder, non permise, même sur 15 pages Word, que je sais ne pas pouvoir atteindre en ces lieux. Ce n’est guère l’endroit bien évidemment, ce qui ne doit pas cependant nous empêcher d’en parler.
Je sais bien moi-même tout ce qu’il m’a fallu étudier, regarder, etc, pour avoir une très vague idée de la constellation de ce processus, mais ce qui est certain c’est qu’outre les arguments de "foire" repris par les haineux de tous poils, type "la crucifixion du Christ", le fait qu’ils aient été chassés au Moyen-âge en tant qu’hérétiques de nombres de pays, déchus de droits civiques (donc interdits à la citoyenneté) dont la France championne de ce sport (mais pas seulement elle), de même que les KKK aux USA trouvera toujours à vous "démontrer" que le "Noir" n’est pas un être humain, il faut aller plus loin et comprendre que dans l’histoire plusieurs composantes entrent en jeu tels que la position socio-économique à un moment donné dans un contexte donné.

Arendt

Ici, je renvoie directement à l’exposé, certes aujourd’hui incomplet, mais d’une rigueur de pensée et d’examen inégalée, d’Hannah Arendt, philosophe, sociologue, intellectuelle, femme éclairée au lieu de féministe et qui après s’être réfugiée en France en 33, s’évada du camps de Gurs où elle avait été internée en 1940, dans son étude sur Les Origines du Totalitarisme (un de mes livres de chevet avec Eichmann à Jérusalem, ou autrement dit son étude magistrale de la question de la banalité du mal)et dont le premier volet est précisément consacré à l’étude de l’antisémitisme européen.
Pour exemple, Arendt s’attache dans les prémisses de sa réflexion à étudier les positions sociales occupées par les juifs avant et au cours du XIXème siècle tout en faisant ce premier constat capital qu’il s’agit là d’un peuple, pour raison de "nomadisme imposé", privé d’ancrage politico-social. Les moments où l’Histoire affaiblit les sociétés et le sentiment national sont les moments où le peuple, la masse, se cherche des coupables et des fautifs, ce qui de nos jours est largement avéré du reste. C’est un long processus qui se noue au cour des siècles. Du reste, Arendt fait un parallèle pertinent avec le processus Révolution Française en précisant bien que cela ne se fait pas au moment où cela survient.
De fait, l’on sait que ce contexte de devoir aller "ailleurs" permanent, la privation par édits des droits civiques, donnant déjà les conditions du nombre de professions intellectuelles ou financières tenues par les Juifs dans ces sociétés les excluant de tout pouvoir politique. En effet, un violon, une plume, ou savoir financer, cela ne nécessite pas d’attaches nationales. Du reste, la vulgate haineuse se complaît à associer les juifs et l’argent avec l’image des marchands très vite grimés en usuriers, mais le réel historique est que par exemple en Allemagne jusqu’au XVIIIème siècle, on les a traditionnellement placés dans certains corps de professions telles que la joaillerie, l’horlogerie, les étoffes, quelques commerces pour les éloigner des autres. Au XVIIIème toujours, ils furent autoriser à participer à certains évènements tels que des foires, moyennant surtaxes à l’Etat, mais déjà, la branche économique se développant à l’époque de manière différenciée de l’Etat, ils acquirent du fait d’être cantonnés dans ces branches, une forme d’indépendance libérale bien avant qu’ils obtiennent une émancipation politique et civique, allant même avec des coreligionnaires venus de pays de l’Est voisins à faire de Leipzig le premier marché de fourrures au monde !
Ainsi, arrivés au XIXème siècle, s’il existait un conflit idéologique interne entre l’intelligentsia artistique et intellectuelle des juifs et celle des libéraux, les juifs allemands avaient connus une assimilation sociale certaine, en dépit de pamphlets et critiques peu à peu pointant le nez de manière plus ostentatoire à dater d’environ 1800. Mais bien évidemment, ceci n’est qu’un petit fait à prendre en considération parmi tant d’autres, et ce n’est évidemment pas propre à expliquer quoi que ce soit quant à l’horreur nazie. Ce qu’il faut comprendre avec Hitler, comme avec tout totalitaire, c’est qu’une myhtologie est créée au service de la propagande qui doit porter de manière dissimulée à la masse l’objectif final.
En clair, nous savons aujourd’hui qu’Hitler avait avant toute velléité politique un problème très récurrent de fanatisme antisémite et des revanches sociales à prendre. Quasi à l’instar d’un psychopathe obsessionnel, il va détourner tout le réel pour l’accorder à son objectif.
Or dans son objectif, entrait l’extermination des juifs, responsable selon lui de ses échecs (peintre raté, étudiant raté)etc..
On ne va pas non plus lui prendre rendez-vous avec Sigmund, même s’il relève largement de la folie furieuse.
Ce que je tente de dire c’est que de la même façon que l’on a découvert bien des décennies après, que Lénine, encore étudiant, pas même d’affiliation prononcée marxiste, avait déjà tenu un discours dans lequel il définissait bien son objectif principal comme l’extermination de la famille impériale qu'il tenait responsable de ses malheurs parce qu'ils étaient nobles, riches et puissants, bien avant de même imaginer une révolution libérant le peuple opprimé et qu’au bout du compte il a fait sa révolution et a pu faire exécuter le Tzar et sa famille, dans des conditions si inhumaines, avec Yourovsky aux commandes, qu’elles se passent de commentaires. Quel était donc son véritable objectif? Le peuple? Tuer NIcolas II?
Idem chez Staline, regardez Mao, vous aurez les mêmes faits saillants. Ceausescu à sa portée de paranoïa aigüe aussi…
Le but d’Hitler me semble avoir été le pouvoir extrême, la puissance absolue par la domination mondiale, d’où les invasions en masse, les blitz attaques, etc, domination absolue appuyée et sous-tendue par l’éradication de tout ce qu’il considère lui faire obstacle ou être parasite, avec en tête les Juifs "mains mises sur l’argent" (et pour cause : confinés dans des rôles de commerçants et banquiers pendant des siècles par l’Etat), comme nous savons, mais aussi par extension, tout ce qui lui paraît "impur", notion relative étayée par la mise en exergue du supposé Aryanisme, pour résumer très succinctement. Maintenant, vous dire s’il croyait ou non, c’est autre chose. Qu’il ait haï de manière folle et sanguinaire les Juifs, il n’y a aucun doute, mais qu’il ait cru lui-même aux fadaises orchestrées à sa demande par la propagande de Goebbels, c’est encore autre chose !

          "Un antisémitisme de bonne famille" Benoîte Groult.
           Le Vel d’Hiv ; 16-17 juillet 1942

Ce détour de fragments de contexte historique parcouru très rapidement, il me faut revenir en France en 1942, au contexte du Vel d’Hiv, et donc de l’antisémitisme de cette époque. Nous l’avons très vaguement évoqué, contrairement à ce que l’on a pu penser en découvrant les horreurs nazies, l’Allemagne était sans doute au siècle précédent le nazisme un des pays d’Europe où les juifs étaient le mieux assimilés. Ce qui n’est pas dire que l’antisémitisme est absent, mais que la sauvagerie hitlérienne n’a certes pas été préparée par l’histoire culturelle de l’Allemagne, et ce en dépit de Wagner par exemple, qui, lui ,a tenu des propos que je peux sans aucun mal qualifier de « pré quelle » autant que Ridley Scott avec Prometheus, des propos de la propagande notamment activée par le sinistre Goebbels, tant il est vrai à le lire que l’on a l’impression de lire de la propagande nazie.
Parfois en écrivant ces noms, je me demande si l’Enfer, celui de "l’après" ne pourrait pas nous faire la bonté d’exister pour ceux-là..
La France est depuis longtemps à l’antisémitisme latent et bien ancré dans les mœurs. Oh bien entendu, personne de lui-même, ne jouera son Adolf ou son Joseph en la matière, mais il faut bien dire que lorsque Pétain capitule et accepte l’occupation, il fait en sorte avec son sbire Laval de démontrer zèle et audace quant à débarrasser la France de sa "peste juive". Le pétainisme est un des épisodes lus plus abjects de l’histoire tout court et de celle de France en particulier qui choisit bien vite de faire de l’antisémitisme un de ses fers de lance de la Collaboration mais aussi de l’Occupation en tant que subie par le peuple français qu’il faut endormir.
Il a été démontré depuis un nombre certains d’années déjà, à l’appui de documents authentiques, que les allemands n’avaient pas demandé autant de coopération et que l’idée de fournir les enfants est estampillée Vichy.
Le commandement nazi ne l’a jamais exigé à cette époque. Une initiative de Laval et Pétain, ni plus, ni moins. Par ailleurs, si le gouvernement avait demandé que seuls les Juifs non français de souche soient arrêtés, il s’est empressé de dénaturaliser un certain nombre de réfugiés, français depuis longtemps et les porter sur les listes d’arrestation. Ainsi donc, sur ordre du gouvernement de Vichy, la Police Française, à l’époque partagée entre policiers suivant les ordres parce qu’ils sont policiers, se devant d’être bras de l’Etat et, sous l’égide de la réorganisation de la Police Française au nom de la Collaboration par René Bousquet, des « miliciens », êtres sadiques qui profitent de la situation pour faire usage de la force et de la violence au nom de la sûreté de Vichy et qui n’ont rien à envier aux SA du début du national socialisme.
La rafle, à l’origine opération commandée dans divers pays d’Europe par les Nazis (c’est à dessein que je ne dis pas « allemands »), avait été demandée au 14 juillet, mais finalement pour cause fête nationale a été déplacée au 16.
Les autorités françaises ont donc pour ordre de rassembler et arrêter 27427Juifs en France. Les nazis, entre autres écrans de fumée, faisant circuler la rumeur de ce que les juifs raflés et déportés étaient conduits vers des camps de travail, pour légitimer la chose, avait fait figuré comme condition « fictive » mais toutefois administrativement posée que les individus concernés l’étaient à partir de 16 ans : raison de travail obligent. Oui, mais voilà, notre ami à tous Laval, a ordonné que la police, pour l’occasion secondée par les gendarmes (eh oui, même eux), prennent les familles dans leur intégralité, enfants compris pour « raisons humanitaires » visant à ne pas séparer les individus d’un même foyer.
Pour le coup je ne suis pas sûre de ce fait-ci, mais il apparaîtrait que le plus jeune enfant arrêté et donc expédié au crématoire, là où on les jette vivants encore, aurait eu 18 mois. Ainsi, du 16 au 17 juillet 1942, 13152 Juifs sont arrêtés, si j’en crois le rapport web de la circulaire 173-42 dont 4115 enfants, 5919 femmes et 3118 hommes, ce qui chiffre approximativement à un quart la proportion de déportations de Juifs de France vers la Solution Finale (Auschwitz, etc). Ils seront parqués au vélodrome d’Hiver un certain nombre de temps, 4 à 5 jours, sans aucune nourriture et un seul point d’eau, en pleine chaleur estivale, avant des départs différés au camp de Drancy, dernière halte avant déportation. Certains se suicideront, d’autres seront tués en tentant de s’échapper.
Il faut aussi préciser que certains ont réussi à s’enfuir lors de la rafle. Quand ils n’avaient pas été prévenus avant la rafle par la Résistance, ils avaient été aidés très vraisemblablement par des policiers et/ou gendarmes, parfois la population et autres intervenants révulsés par l’évènement. On ne sait pas grand-chose des déportés qui n’ont pas survécu, mais ceux qui ont pu se cacher ou s’échapper ont pu raconter comment ils avaient pu parfois trouver de l’aide, notamment en zone libre.
Ce qu’il convient d’aborder et qui se met directement en lien avec le « pourquoi on ne l’aborde pas officieusement à l’école », c’est bien évidemment le fait que les autorités françaises y aient pris part de si bon gré et face à cela les réactions des français, du peuple donc, encore une fois partagé. Certains, certes, se moquaient, riaient, criaient comme ceux qui applaudissent la Loi de Lynch et participent avec ravissement aux exécutions en place publique, et d’autres, humains, à la sensibilité pour le moins normale se désespéraient, tentaient d’intervenir au gré du hasard des humeurs aléatoires des autorités tantôt très consciencieux, tantôt détournant le regard pour faciliter le défaut d’arrestation, tantôt se cramponnant aux circulaires, tantôt faisant l’inverse… bref face au chaos de l’abject et du non sens.
Notons aussi qu’à ce point précis, cet "antisémitisme de bonne famille", bascule et est remis en cause par la population qui perçoit l’inhumanité des mesures, de la rafle et de la situation. Le peuple se sentait alors concerné.


     Cela laisse penser qu’en ayant réellement travaillé sur le point au lieu de s’ingénier à la dénier par omerta, nous aurions pu réellement, au bout de tant d’années voir une vraie évolution sur ces questions, car si la symbolique de l’autorité en avait été ébranlée, cela n’aurait que mieux évoluer sur le statut de nos institutions actuelles.
     Voici ce que j’avais à dire en décousu certes, sur le sujet, pour ce soixante-dixième anniversaire de ces "heures noires [qui] souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé." Jacques Chirac.
     Devoir de mémoire accompli, en attendant mieux peut-être dans les réformes institutionnelles et éducatives à venir.

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