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  • Sciences Humaines et Esthétique, Société et Art. Et humour pour lier tout ça parce que décidément le trop de sérieux nuit gravement à la santé mentale tout en faisant le bonheur fiscal des pros du lifting!
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19 juillet 2012

.. A Mighty Lesson we Inherit..** : Prometheus

        "Titan! to thee the strife was given
              Titan! Tu as connu la lutte
           Between
the suffering and the will,
              entre la souffrance et la volonté,
           Which torture where they cannot kill;
               Cette lutte qui torture quand elle ne tue pas ;
             And the inexorable Heaven,
              Et le Ciel inexorable,
             And the deaf tyranny of Fate,
             l'aveugle tyrannie du Destin,
             The ruling principle of Hate,
              Le principe de Haine,
             Which for its pleasure doth create
              qui gouverne le monde
             The things it may annihilate,
             Qui crée pour son plaisir des êtres qu’il pourrait anéantir,
            Refus'd thee even the boon to die:
             T’a refusé jusqu’à la faveur de mourir:
            The wretched gift Eternity
              Le don malheureux de l’Eternité
             Was thine-
              fut ton partage-
          - and thou hast borne it well."
             - Et tu l’as noblement supporté

                                                   ** PROMETHEUS; by Lord Byron; Traduction Benjamin LAROCHE; réintégration des majuscules en traduction: Ariana

 

"Objectivité ne signifie pas impartialité mais universalité." Raymond Aron

    Ok, ok, very late….
Le "moment de l’actu" est passé mais celui-ci ne défaisant jamais un film ou une œuvre pour ce qu'ils sont, pourquoi me priverais-je seulement de vous toucher deux mots de la beauté visuelle extraordinaire, la réussite,  du dernier opus de Ridley Scott, Prometheus ?
Tout le monde, ou presque, l’a vu, et s’en est plus ou moins exprimé, mais fidèle à mes ancrages intellectuels, j’ai fui tout rapport ou blablaterie étendue sur le sujet. D'autant plus que j'en ai déjà aperçu malgré moi, et me hâtant d'y couper court, certains dénigrer...
Autant neutre vis-à-vis des bruits de la plèbe qu’authentiquement subjective sur le sujet, me voici universelle à présent ;-))) ! J’ai même réussi à éviter les propos télévisuels : l’avantage d’avoir des chaînes à la thématique choisie me direz-vous.. Certes
J’ai donc vu Prometheus à sa sortie française en mai, me semble-t-il à présent, attirée par à la fois la distribution, le thème et la perspective d’une 3D léchée si je m’en référais aux couleurs d’ambiance générées par la thématique Alien.
Extrêmement séduite par ce film je fus.

prometheus

       La simplicité affectée est une imposture délicate. La Rochefoucauld (A quoi j'ajouterai "précieuse et convenue" en domaine français.)

  Tout d’abord, et parce que quoiqu'en disent de plus en plus de quidams webiens se prenant pour la notoriété qu'ils se créent virtuellement, un film n’est pas et ne sera jamais une œuvre à but idéologique premier ou à message sociopolitique pour moteur intégré. Un film est avant toute chose un film. Ceci ne singeant pas une tautologie mais ayant pour vocation de remettre les choses à leur place. Un opéra n'est pas du théâtre plus de la musique, même si etc, mais un opéra et point final! Idem au cinéma.
Si cela arrive, autre chose que le film, tant mieux dans le cas d'une réussite rarissime mais accomplie. Mais sinon, il ne s'agit ni plus ni moins que de ces films connotés "intellos", ratés à maints égards et ennuyeux à mourir. Nous en regorgeons encore davantage que de films creux et sans scénarios, soporifiques et révoltants d’abrutissement au kilomètre avec pour alibi d'absence du scénario, du grand spectacle.
Du reste, en France, nous avons un joli vivier de ces créations douteuses, bien dénoté avec pour signe de reconnaissance ce qu'il m’a longtemps plu de désigner, de même qu’à l’opéra pour certaines mises en scène soi-disant "follement avant-gardistes, mon chou" et "géééniaaaaliisssssimes !!!!", le ton "gris-bleu-bourgeois" ©.
Une teinte bien particulière à l’image comme au "dialogue" ou du moins son inexistence que peu de nations peuvent se targuer de nous seulement imaginer envier et qui conduit sans aucun doute à crier au génie du fait d'avoir résisté à se tirer une balle pendant la projection du nanar pseudo-érudit que l'on s'est involontairement infligé. Ces teintes, vous savez, où vous avez cet homme trentenaire, devant sa glace de salle de bains le matin qui se demande, en proie au drame existentiel qui sert de moteur au film, s’il devra, se contemplant, en proie au doute le plus dévorant et le conduisant au bord de la mise en abîme, commencer, la scène durant pas moins de 8 min montre en main, se raser d’abord la joue gauche, ou bien la droite…
           Ô Dilemme, quand tu nous tiens!!!
Un plaisir trop rare, autant que celui du flûtiau répandu par mode autant que la Peste Noire au XIVième siècle :-D, qui bien souvent "habille" ce qui ne saurait seulement se dire à vêtir et qui encombre bien des pellicules européano-françaises, notamment dans les crûs nationaux 90 à 2000 !
Ce fut du reste à cette époque que je décidais sortant d’une salle de cinéma, écœurée "la fois de trop" de ne plus jamais payer pour un film français. Principe moral auquel je me suis tenue depuis lors et à peine remis en question très-très ponctuellement depuis 3 ou 4 ans à peine. Et puis, heureusement, il y a des films américains bien entendu, mais aussi anglais, australiens, russes, italiens, chinois, japonais, hongrois, rarement allemands et même belges (si, si) pour meubler ce boycott !!
Vous aurez compris que le cinéma français n’est plus  de mon sensible depuis son flop intégral des années 80, après pourtant des années plus que glorieuses jusqu’au mi-70ies incluses : je déteste relativement sa cabotinerie, et ses ambiances.
Le fleuron du rejet étant réellement de 1980 à 2000 : entre les films d’humour douteux ou de toute manière tout ne peut se rapporter qu'à des anecdotes de sexes pas même drôles et ultra chauvino-machistes là où par exemple, Allen sur le sexe vous souriez, les Monthy Pythons vous riez alors même que le propos évite toute finesse et dentelle, mais le film français 80/90 avec pour objectif principal des blagues de beauf à deux balles, non merci ! On n'en sourit même pas tant c’est bas de gamme…
Et vous avez en haie d'honneur au fleuron du rejet, le film dont je vous parlais précédemment avec notre homme en proie à la crise existentielle du rasage matinal sur fond gris-bleu-bourgeois, dit le fameux aussi inexistant et mythologique "film à message" comme si une œuvre pouvait signifier autre chose qu’elle-même en elle-même ; bref du grand n’importe quoi…

     Digression diatribique acquittée envers nos beaux films franchouillets à texte very deep inside, voire behind, revenons à Ridley et ses Titans.
     Les Titans Scottiens, humanoïdes différenciables des Héros et Chevaliers d’Arme d’un tout autre Scott, sont en premier lieu esthétiquement magnifiques et d’une finesse dans le dessein musculaire de la puissance à couper le souffle.
prometheuseeng3aPar cette alliance de paysages quasi sur-oniriques et de créatures tout autant sur-naturelles de pré et post humanité, ce film offre certainement une des plus belles légitimations de la technique du 3D en termes de tableaux.
A un point tel que lors de l’ouverture et des premières images offrant la naturalité extrême, sauvage et inviolable de ces contrées à la réminiscence éloignée irlandaise, on a l’impression en pré quelle même de la technologie 4D, de sentir les embruns et le vent, son odeur, presque, sa palpation sur notre épiderme et les frissons qu’ils procurent en s’immisçant en tout notre corps. Les images sont d’une lumière si juste et belle qu’il serait difficile de ne pas se sentir immédiatement transporté en cet univers "nouveau" et surtout "ailleurs" tant en espace qu’en durée.
Or, il me semble bien que l’un des premiers brouillages au sens, attestant de la qualité d’une œuvre ou d’un moment de vécu esthétique, est bien la perte de repère espace-temps, et ce sans nécessairement œillade wagnérienne. Et pourtant, la scène d’ouverture, tant musique qu’esprit y va de son "Zum Raum wird hier die Zeit"…
Puisque tout au long du film, il n’y a pas, je pense, un seul temps mort esthétique, le premier point d’accroche du Prometheus de Scott, non des moindres, en est la pure beauté visuelle.

prometheusprojectEt c’est ici que ma mini diatribe précédente fait sens et reboucle car, un film qui ne dégage pas une atmosphère visuelle enhardie d’une beauté propre à sa narration, ce qui n’est guère augurer dans le propos de la forme de cette beauté, trahit en soi l’esthétique d’un art sensoriel et visuel.
En d’autres termes, le cinéma est et demeure un art dont le visuel est absolument fondamental : c’est par lui que se nouent intentionnalité et finalité des processus discursifs qui y sont développés.
Ce pourquoi, à ceux qui passent leur temps à dénigrer les super-productions et autres blockbusters qui emportent largement en matière de nombre d’entrées sur les films "modestes et à messages", un film parfaitement ficelé visuellement même avec un scénario moyen ou convenu happera tout de suite et beaucoup plus aisément n’importe quel spectateur à l’équilibre sensoriel normalement configuré, qu’un film à ambitions dialoguistes, sans cohérence visuelle, esthétique mise au service de cette cohérence, pour lier et faire sens.
La preuve en est que les films alleniens assez simples visuellement d’apparence, ont toujours une mise en image et une perspective sur l’esthétique propres à ne servir que la finalité de la situation intrinsèque du scénario, alors même que pour le coup ce sont-là de véritables films d’auteur et non seulement à velléités blablateuses comme on les confond trop souvent.
Lawrence d’Arabie, pour rester en référentiel prometheussien non hasardeux en matière de mythe fondateur, pourrait-il seulement s’envisager sans cette incroyable esthétique particulière qui lui fait terreau ?

lawdarPuis trêve d’argumentation : un film sans mise en images, ce n’est pas un film et fin du débat !

     De Byron à Shelley, entre foi et science, Titan et Prométhéen moderne..

Dans Prometheus, il n'y a pas que l'esthétique léchée et absolue, mais aussi tout le propos de fond, ou encore la trame, la base du propos.
C’est ici sans doute que tout n’est pas parfait pour certains, mais au final qu’importe, puisque le propos du film est précisément d'interdire cet accès imaginaire dans notre ère de sur-expertise au "monde parfait de toutes les réponses"?
Le principe, selon moi, repose sur la recherche éternelle de la vérité, donc reliée à la Foi nécessaire à tout être humain pour vivre, recherche éternelle qui conduit tout scientifique digne de son état à remettre fondamentalement en cause l’humain et ses origines au travers de ces points d'interrogation récurrents et reposant sur l'illusion que le "tout-savoir" pourrait revenir à savoir absolument tout de tout : qui sommes-nous ? D’où venons-nous ?
Deux questions qui sont les mêmes et qui conduisent nos protagonistes forts d’une découverte archéologique et anthropologique significative à s’arrimer au vaisseau qui les conduira aux travers des espaces à la planète d’où pourrait bien être partie l’origine. Une question donc qui révèle ses racines fidéistes dans sa déclinaison scientifique : sans la foi la force n'advient pas, et c'est exactement ce dont il est question dans ce bien nommé Prometheus.

  • "Le pêché originel, c'est la foi." Louis Scutenaire (je ne le connais pas mais cette phrase lue par hasard semble avoir été faite pour décrire ce film)

Prometheusnoomirapace

Le rapport à la foi est central dans ce film et ce beaucoup plus subtilement que certains ont voulu le voir, je crois sincèrement. L'héroïne, elle aussi très différente mais caractéristique et digne du charisme d'Ellen Ripley, ne cesse d'arborer un crucifix autour du cou, symbolique et récurrent. D'ailleurs pour mise en exergue de cet trait fort du personnage, le renvoi à la question de la foi se décline assez subtilement autour de la diamétrie Elizabeth Shaw versus Meredith Vickers,  "l'autre femme du film", de prime abord incarnation de l'autorité froide à souhait, jouée par l'impeccable et juste Charlize Theron. Cette dernière qui n'est là en filigranes que pour accentuer le caractère profondément touchant de la quête d'Elizabeth, est mécanique, sous contrôle de bout en bout et s'oppose en tout point à la scientifique. Meredith est froide, calculatrice et "under control" là où Elizabeth est humaine, engagée, jusque dans sa foi et amoureuse. Meredith ne veut rien qui ne sorte des sentiers battus et n'est là que parce qu'elle n'a jamais cru, donc jamais fait acte de foi, à ce pourquoi ils sont là, ici et maintenant là où la seconde est portée par le désir, l'amour et la foi aveugle et absolu dans le sens de ce qui doit advenir. Du reste, l'emploi du terme impeccable est ici volontaire en ce que cette attitude est bien en rapport au déni de pêché et de foi, de prime abord, puisqu'elle devra en fin de film, payer son tribut à la donne sacrificielle humaine nécessaire pour donner lieu à la contingence de l'humanité. Du reste, son rapport sexuel est l'émanation même de qu'elle est et doit rester désincarnée en ce qu'à la fois elle le "programme", donc le dénie, et en même temps, ce qui prendra sens en fin de film (même si on soupçonnait la chose avant), elle a pour havre de paix virtuel, une projection de champs naturels et sauvages avec musique classique et petite fille, donc refus total et de l'anarchie et de la sexualité en tant qu'émancipation de l'être.
Elizabeth est une femme avant tout. Elle veut enfanter, mais elle ne le peut pas : elle en est privée; peut-être une des raisons pour lesquelles elle a tant besoin de "réponses". Par une manoeuvre d'un David, alors improvisé Dr Frankenstein, elle se verra porteuse d'un foetus proto alien, "la créature, et en refus du port de l'Antéchrist ou encore de l'avenir douteux du fruit coupable de la science déconnectée de la chair, recourra elle-même à une césarienne aussi violente physiquement que symboliquement alors même qu'elle est là parce qu'elle tente d'accoucher d'une vérité qui ne peut pas se réduire à "cela comme ça". Situation tissant encore le parallèle avec Shelley.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais dans ce nouvel espace, je n'analyse plus par le fond, donc je ne poursuivrai pas sur la question de la Foi.
prometheusalienÉvidemment, je ne vais pas raconter le film à partir du moment où ils atterrissent sur cette planète mystérieuse sur laquelle tout semble si ce n’est mort, endormi, depuis la scène sacrificielle d’ouverture où nous avons vu un de ces Titans avaler une cellule aux vertus propres à le déliter depuis son ADN même. Toutefois si l’on a vu Alien, la présence de l'Androïde David, incarné par Michael Fassbinder, qui fantasme curieusement, pour une machine s'entend, sur le personnage de Lawrence d'Arabie, à travers sa quête d'humanité, les mouvements circulaires effrénés de l'ADN destructeur qui fracture les cellules de celui humain, la présence de l'héroïne forte et esseulée, Elisabeth Shaw interprétée magistralement par Noomi Rapace, autrement, par le même androïde, en tant que porteuse de ce qui doit advenir, on peut présumer du pire dans le suspense et du meilleur dans la surprise à venir.

prometheusship
        Enfin en guise de conclusion ouverte, il me faut ajouter que cet épisode est tout autant réussi que s'il nous replonge dans les terreurs ancestrales d'Alien, il peut se lire et se vivre tout à fait indépendamment. Il y a des renvois, des références, mais pas de resucées et mieux encore : aucune réponse définitive fermée quant à cet Apocalypse programmée par ceux qui suppportèrent les débuts de l'Humanité.
      Un très beau film donc, pas loin de LA réussite et certainement pas une énième pale copie de.. Du vrai visuel, pur grand écran, du véritable fantastique,  une atmosphère, des acteurs d'exception dans leurs rôles respectifs; en d'autres termes de l'authentique grand cinéma.
        De ceux qui conquièrent!


A bientôt!

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