Le criminel nazi le plus recherché au monde, Laszlo Csatary, âgé de 97 ans et accusé de complicité dans la mort de 15 700 juifs pendant la seconde guerre mondiale, a été retrouvé à Budapest, a indiqué dimanche 15 juillet le directeur du bureau du Centre Simon-Wiesenthal en Israël.
"Je confirme que Laszlo Csatary a été identifié et retrouvé à Budapest", a déclaré Efraim Zuroff. Le tabloïd britannique The Sun "a pu le photographier et le filmer grâce à des informations que nous avions fournies en septembre 2011", a-t-il ajouté.
Le quotidien britannique a annoncé dimanche sur son site en ligne que le criminel de guerre nazi hongrois avait "été identifié et retrouvé" dans la capitale. "Il y a dix mois, un informateur nous a donné des renseignements qui nous ont permis de localiser Laszlo Csatary à Budapest. Cette informateur a reçu la prime de 25 000 dollars que nous accordons contre des informations permettant de retrouver des criminels nazis", a expliqué M. Zuroff dans un entretien téléphonique.
Il a ajouté que les informations sur la localisation avaient été transmises en septembre 2011 au parquet de Budapest. Le procureur adjoint de la République dans la capitale, Jenö Varga, n'a pas été en mesure de confirmer l'information, se bornant à déclarer dimanche : "Une enquête est en cours. Le parquet étudie les informations reçues."
"UN COMPARSE"
Serge Klarsfeld, président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, s'est montré sceptique sur les suites judiciaires que le gouvernement de Hongrie allait réserver au criminel : "Je ne suis pas sûr qu'il y aura des suites judiciaires avec ce gouvernement conservateur" du premier ministre Viktor Orban, a-t-il déclaré.
M. Klarsfeld a par ailleur souligné n'avoir jamais entendu parler de Laszlo Csatary. "A mon avis, il n'avait pas de grandes responsabilités, ce devait être un comparse", a-t-il estimé. Si Laszlo Csatary est considéré aujourd'hui comme le criminel "le plus recherché" c'est parce que, selon lui, "il n'en reste aujourd'hui que peu en fuite", et qu'ils sont "tous âgés de plus de 90 ans".
M. Efraim Zuroff a transmis la semaine dernière de nouvelles pièces à conviction au parquet de Budapest concernant l'implication de Laszlo Csatary dans la déportation de juifs, a indiqué dimanche dans un communiqué le Centre Simon-Wiesenthal. "Ces nouvelles preuves renforcent les accusations déjà très graves contre Csatary et notre insistance pour qu'il rende compte de ses crimes. Le temps qui passe ne diminue en rien sa culpabilité et la vieillesse ne doit pas constituer une protection pour les auteurs de l'Holocauste", a déclaré M. Zuroff.
CHEF DE LA POLICE DU GHETTO DE KOSICE
Les enquêtes du Centre Wiesenthal, qui porte le nom d'un célèbre chasseur de nazis juif autrichien décédé en 2005, ont permis de retrouver des dizaines de criminels nazis à travers le monde. En avril, il avait placé Laszlo Csatary en tête de la liste des criminels de guerre qu'il recherche.
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L'homme avait dirigé la police dans le ghetto de Kosice (Kassa en hongrois, Kaschau en allemand), situé aujourd'hui en Slovaquie, où 15 700 juifs avaient été assassinés – pour l'immense majorité déportés vers le camp d'extermination d'Auschwitz, en Pologne, pendant l'occupation par l'Allemagne nazie de ce qui était alors la République de Tchécoslovaquie.
Des reporters du Sun ont retrouvé la trace de Laszlo Csatary à son domicile à Budapest, un appartement de deux pièces, à la sonnette indiquant le nom de "Smith". "Je n'ai rien fait, partez d'ici", a-t-il déclaré en leur claquant la porte au nez. "C'est la quatrième fois que le Sun collabore avec nous pour faire pression sur des autorités qui traînent les pieds pour retrouver des nazis", a expliqué Efraim Zuroff.
MARCHAND D'ART
Lazlo Csatary traitait les juifs du ghetto avec cruauté, fouettant les femmes et les forçant à creuser des tranchées à mains nues, a-t-il ajouté. Condamné à mort par contumace en 1948 en Tchécoslovaquie, il s'était réfugié au Canada, à Montréal et Toronto, où, sous une fausse identité, il s'était établi comme marchand d'art. En 1995, les autorités canadiennes avaient découvert sa véritable identité. Il s'était alors enfui en Hongrie, a indiqué Efraim Zuroff. Il avait auparavant reconnu devant des enquêteurs canadiens sa participation à la déportation de juifs, tout en affirmant que son rôle avait été "limité".
Le 3 septembre 2011, un autre Hongrois, Sandor Kepiro, suspecté de crimes de guerre en Serbie en 1942, mais finalement acquitté pour "manque de preuves", était décédé à Budapest à l'âge de 97 ans. Au moins 1 246 civils, juifs et serbes, avaient péri lors d'un massacre commis entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, ville qui se trouve actuellement en Serbie, alors annexée par la Hongrie, alliée de l'Allemagne nazie. Sandor Kepiro répondait personnellement de la mort de 36 personnes dont il aurait ordonné l'exécution, selon l'accusation. Il s'était toujours déclaré innocent et figurait, avant Laszlo Csatary, en tête de la liste des criminels de guerre les plus recherchés du Centre Simon-Wiesenthal.
Sur cette liste figure un autre criminel de guerre nazi hongrois, Karoly Zentai, accusé de déportations de juifs à Budapest en 1944 et réfugié depuis une soixantaine d'années en Australie, pays dont il a acquis la nationalité. En 2005, la Hongrie avait demandé son extradition, jusqu'à présent sans succès.