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  • Sciences Humaines et Esthétique, Société et Art. Et humour pour lier tout ça parce que décidément le trop de sérieux nuit gravement à la santé mentale tout en faisant le bonheur fiscal des pros du lifting!
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3 mai 2012

"Babycall" : l'appel du vide

                       La Mère morte : portrait de femme..

babycall

Quel film bouleversant !
Si vous êtes humainement conformé, il ne faudra pas vous étonner d’avoir les yeux mouillés à la chute finale..

Non seulement le titre est intelligent mais l’actrice est indescriptible de talent, ce que je ne suis certes pas la première à dire, loin s’en faut, puisque sa prestation, outre la récompense de la meilleure actrice au Festival de Rome, a été très remarquée par les critiques qu’ils soient en faveur ou défaveur de cet opus.

Babycall affiche3Ce film norvégien du réalisateur Pale Sletaune, classé dans le genre "fantastique" et non pas "horreur" ou encore "thriller", est un petit bijou de thriller(-) paranoïaque, réellement angoissant et prenant de bout en bout, à la mécanique impeccable quoiqu’en réclament certains journaleux quant à une rythmique reproduisant au métronome celle d’autres "Sixième Sens" ou "Shutter Island".
Heureusement, Babycall prend le parti d’être lui-même et tout le volume temps requis se traduit immédiatement en espace pour l’incarnation de Noomi Rapace, un peu dirais-je à la manière de cette fameuse introduction à l’univers parsifalien "ici le temps est espace", dixit Gurnemanz.
D’ailleurs, quoiqu’en récrimine par exemple Mme ou Melle, peu importe, Colombani au Point (enfin pas tout à fait à l’en lire !), en prenant soin de préciser : "le scénario lasse à force de retournements inutiles et gère mal une dimension surnaturelle introduite trop tardivement. Décevant.", c’est tout autre chose dont il est question, dans le sens des questions posées, ici.
Car, les Dieux soient loués, ce n’est parce qu’un cinéaste a des références et des envies de références, qu’il doit reproduire un avatar du film d’un autre. Ce que ne saisit pas Florence Colombani, est précisément que cet "autre" rythme donne souffle et élan, donc matière, à la suffocation nécessaire et progressive de ce huis-clos mental.
Je ne vois pas où elle a vu des retournements, manqués ou non : il n’y en a aucun, mais un déroulé logique, inexorable, qui tend vers sa fin naturelle, oui. Disons qu’avec un peu de connaissance de certaines pathologies, mais aussi des réactionnels post-traumatiques, Mme Colombani aurait sans doute évité de s’ennuyer à force d’attendre des retournements là où il ne peut pas y en avoir, puisqu’étrangers, extérieurs au sujet traité. (Il faut sortir des sentes de conforts de temps à autres, pour ne pas dire sortir tout court, chère Madame :-) .)
3816Quant à Christophe Carrère de L’Express, pour lui, il s’agit d’un thriller rien d’autre "qu’une baudruche", ce qu’il n’argumente même pas : autant dire qu’il n’a pas vu le film, outre un bon réflexe primale du type "c'est celui qui dit, c'est celui qui est" :-P. Il y a vraiment des gens surpayés à se les tourner ! Non parce que l’autre hypothèse est la voie de la déficience mentale pour être tellement passé à côté du sujet ; généreuse j’opte pour le "il n’y est pas allé ou a dormi pendant la projection".
Cela étant, en dire davantage sur le sujet m’obligerait à dévoiler une part de l’intrigue, donc, je ne serai pas plus précise ici.

Des couleurs et des plans impavides, du gris, du vide, de la tristesse, de la violence évoquée, dite ou vécue, du glauque, des plans même sur la rouille des protections de sécurité, il y en a mais pas d’ennui : un décor tant univers mental que social. En d’autres termes un arrière-plan mais qui se fait fond aussi.
Tout ceci pour colorer, rythmer la montée en tension d’Anna, mère très agitée par ses frayeurs hypertrophiées cristallisées sur son fils, plus précisément, la sécurité de celui-ci, et qui se trouve un anesthésiant à ses angoisses handicapantes par l’acquisition et l’usage d’un babyphone : "babycall", qui permet autant d'entendre l'enfant depuis un autre endroit que la pièce où il est, que de lui parler mode talkie-walkie..
03385_px_470_Si je vous dis ou rappelle, c’est selon, que "call" est un appel, que "baby" est un bébé ou enfant en jeune âge, à vous de faire la jonction sémantique et métasymbolique de l’objet dans cette parabole schizophrénique, même sans "vous la jouer Sigmund".
Le dispositif "Babycall", comme il se doit, devient le catalyseur d’angoisse car très vite, Anna, perçoit des cris et bruits terrifiants, vraisemblablement captés par interférence d’un autre babyphone, très certainement situé dans le bloc interminable de logements sociaux dans lequel, avec son fils Anders, elle a échoué, avant de plus loin dans le film se laisser avouer qu’elle voit des choses qui n’existent pas.
Nous avons donc à la fois les ingrédients pour un petit thriller, un film fantastique, et un huis-clos… pas mal pour un seul film ! :-)

Évidemment narrer l’histoire serait desservir le film, donc je n’en dirai pas davantage.
Mais allez-y sans hésitation ni détour. Ça vous changera peut-être un peu de certaines mécaniques trop lisses parce que reproduite en série, et vous fera vivre un vrai grand moment d’interprétation, mise en scène incluse…
            On ne vous dit pas que c’est là le film de l’année, mais c’est un vrai film de avec qui se laisse vivre et emporte à sa manière avec un personnage principal captivant et bien entourée, même si au final le « surnaturel » est le moins intéressant de l’affaire, puisqu’il s’agit évidemment d’un portrait, ô combien au-delà du tragique de "l’humain, trop humain".

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