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4 mars 2012

Refroidissement incandescent

                 Gelido in ogni vena

Une petite écoute comparée de l'air célèbre du Farnace de Vivaldi, issue de l'acte II, une pré-lamentation si je m'en réfère aux intervalles et à la tonalité, intitulée par tradition, Gelido in ogni Vena accompagnera notre éveil dominical. Nous sommes ici sur le sujet toujours du fait de ce récital Vivaldi par Kozena dont je dois vous parler.

Pourquoi célèbre cet air? Ma foi, écoutez! Si vous avez déjà entendu à défaut d'écouter les Quattri Stagioni ou les Quatre Saisons, et avez, comme il se doit, été bouleversé par L'Inverno ou en français L'Hiver, il n'y a aucune raison que cette aria ne vous emporte pas. L'avantage de ces époques reculées, lointaines et fortes en "productivité" (et pour cause, les impératifs de vie n'étaient pas vraiment comparables aux nôtres), les compositeurs, comme les autres du reste, baignaient littéralement dans la possibilité de faire et refaire et répéter encore et encore..

Aujourd'hui, on est vite soupçonné et du reste avéré en exercice de radotage à élan de velléité similaire. Radotage aussi, parce qu'aujourd'hui, outre le domaine artistique et encore, lui-même relève également à présent de la manufacture dans le sens le plus lourd et le moins charitable qui soit - il n'y a qu'à considérer l'attitude consumériste des rats de salle de concert, qui vous dégoûtent de vous y rendre, pour être frappé de cette certitude - la répétition n'a non seulement rien du babil freudien, mais encore moins de toute création possible.

Donc aujourd'hui, exemple simple, si vous répétez Jurassic Park, vous faîtes un navet parce que ce que vous y changez n'apporte rien, n'est pas même une variation et dénature le peu de bonnes chose que vous aviez également fait ressortir dans le premier volet.

Ajoutons à cela l'impératif sociétal (le terme de Marx n'en déplaise à certains de mes lecteurs, voire ma réponse en commentaire à Olivier quant au choix de mon langage) de produire, produire et surproduire coûte que coûte surtout du surcoût en-soi et pour-soi (et maintenant Hegel, bah oui; ça me plaît de faire des références quand je m'exprime), et vous avez de la production plein régime.... à vide. Je pense du reste à certaines dernières "créations mondiales" que je ne désignerai pas par pur respect des artistes, mais : passons..

Eh bien, je reconnais à loisir, plaisir et autres complaisances jouissives aux compositeurs des temps passés, notamment lors de la confection toujours tellement improbable et solide à la fois d'opéras, de parvenir à continuer de développer leur langage, à une époque en demande de gain en langage car rien n'est jamais hasardeux dans les possibles concomitants de l'évolution, de s'y enrichir et de ne pas systématiquement confiner au ratage. Au pire, on est dans le "pareil au même" : confer plus tardivement Donizetti et l'école belcantiste (et encore il y a des raison tellement évidentes à cela dès lors que l'on connaît les impératifs du chant que ce point peut encore se décliner en exergue), mais jamais dans le "plus mauvais", "moins bon", etc..

FarnaceDonc ici, nous avons une aria assez sensible et saisissante, de facture tragique tel que cela s'entendait à cette époque. Pour ma part, je reçois la récente version label Virgin des Barocchisti sous la férule de Diego Fasolis avec une certaine émotion. J'entends ici non seulement mettre en exergue la qualité d'ensemble au-delà de la voix ductile du contre-ténor Max Emanuel Cencic, mais rendre justice à un travail pour une fois, enfin de plus en plus ces derniers mois, soyons justes, baroque non exagéré, non précipité, non grossier sous prétexte de "vérité historique", là où en réalité soumis aux impératifs "fashion" de l'air du temps, et pour le coup au service de l'authenticité musicale de cette pièce "lyrique", ou disons tragique eu égard à l'époque de création, particulièrement équilibrée de notre ami le Bel Antonio (oui, oui, tous ces opéras ou oratorios ne sont pas aussi assis).

J'applaudis à cette réussite qui sonne authentique en ce que l'authenticité musicale n'existe que parce qu'elle est mouvante et jamais figée ou définissable, précisément! De la musique, du chant, ce qui en matière d'opéra est légèrement pré-requis, n'est-il pas, et de l'émotion marquent une gageure accomplie.

Mais assez discuté pour aujourd'hui, même si vous noterez au passage que j'ai enregistré ce blog dans la catégorie "journal intime", parce qu'honnêtement, qu'est-ce qu'un blog sinon une émanation de nous-même?! Sinon, il me faut mobiliser les gestionnaires d'e-reputation au plus vite - quoique j'y songe easse assez sérieusement. :-D

 A titre de comparaison dans le même lecteur et parce que c'est tout de même bien d'avoir un repère, une version plus "classique" d'architecture mais conduite avec éthique eu égard à son identité.

                    Bonne écoute et bien évidemment belle émotion à tous!

 

 

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